Une urgence médicale [libre]

C'était la première fois que Véronika mettait les pieds dans ce magnifique et majestueux bâtiment qu'était le Hollywood Plaza. Un appel téléphonique avait prévenu le service des secours d'urgence qu'une personne avait fait un grave malaise dans cet hôtel prestigieux. Poussant avec ses deux collègues ambulanciers le brancard à roulettes, Véronika était entrée dans le hall où un responsable de l'établissement les attendait pour les guider jusqu'au malade. Bien que tout à l'urgence de la situation, les yeux de la jeune femme allaient et venaient du sol au plafond où tout étincelait de mille feux. Les dorures splendides, les menuiseries somptueuses, les tapisseries luxueuses, tout était magnifique. Le type de l'hôtel les fit entrer dans l'ascenseur. Celui-ci était immense. Plus encore que les ascenseurs des hôpitaux qui sont pourtant prévus pour accueillir au moins deux brancards ! Et il était lui aussi d'un luxe inouï. Véronika détaillait du regard les moulures complexes des recoins de la cage d'ascenseur. Même le panneau de contrôle était doré et semblait être en or. Le guide appuya sur le bouton du deuxième étage. Un silence pesant avait envahi l'ascenseur pendant sa rapide montée. Véronika se disait que rien qu'avec la decoration de cette cage d'ascenseur, il devait y avoir l'équivalent de deux ou trois mois de sa paye. Mais ses pensées furent très vite balayées par la soudaine ouverture de la porte automatique. Elle et ses collègue s'engouffrèrent dans le couloir tout aussi luxueux du deuxième étage et arrivèrent très vite à la chambre 05 où une autre personne, qui semblait les attendre, leur ouvrit la porte.

- Vite, sur le lit ! je crois qu'il a fait une crise cardiaque... dit-elle.

Un homme gisait en effet sur le lit. Véronika et ses collègues vérifièrent immédiatement le pouls et la respiration de la victime. Les pupilles du type montraient qu'il était sans connaissance.

- Son coeur ne bat plus ! dit Véronika.

- Pas de respiration non plus ! Vite ! Le défibrillateur !!! répondit un de ses collègues.

Avec la rapidité et le sang-froid des urgentistes habitués à ce genre de gestes et de situations, Véronika et ses collègues utilisèrent l'appareil à trois reprises avant que le coeur du patient reparte. Ce n'est qu'après avoir mis un masque à oxygène sur le visage de la victime que le cerveau de Véronika commença à réaliser ce qui était arrivé à ce type.

*Le bougre devait être en pleine partie de jambes en l'air quand son coeur a flanché !* Pensa-t-elle.

Pendant que ses collègues installaient le patient sur le brancard, Véronika s'approcha de la personne qui leur avait ouvert la porte pour essayer d'obtenir quelques renseignements sur la victime. Tenant à la main un formulaire administratif à remplir, elle demanda :

- C'est vous qui étiez avec ce monsieur quand il a eu son malaise ?

« Vite, sur le lit ! Je crois qu'il a fait une crise cardiaque...»

Voilà ce que Leïla avait dit précipitamment à l’ambulancière et ses collègues ! Mais avant tout, peut être recentré la situation initiale, vous ne croyez pas ? D’abord, qu’es ce que Leïla fait en ce lieu avec cet homme ? Eh bien c’est très simple. Alors que Leïla traversait le couloir pour ranger son matériel de femme de ménage. La porte de la chambre 05 s’ouvrit brusquement, faisant sursauter Leï ! Une femme vêtue de moitié, sortit en courant et partit sans dire un mot ! Naturellement curieuse, Leïla était rentrée dans la chambre pour voir ce qui faisait fuir la jeune femme. Quand soudainement, vision d’horreur. L’homme à moitié nue sur le lit, ne bougeant pas.

« Monsieur… monsieur ! »

Avait dit timidement la jeune femme de ménage. Quand finalement, constatant qu’aucun geste et aucun bruit ne se faisait ressentir par l’homme. Leï couru vers lui pour prendre son pouls. Constatant qu’il ne respirait plus, Leïla prit son portable dans sa poche et appela une ambulance ! Une fois fait, la demoiselle commença à faire les premiers gestes de secours ; mais n’étant pas habitué et sûrement pas doué en ce domaine ! Les gestes furent infructueux pour l’état de santé du client ! Leïla paniquait à l’idée de perdre son job à cause de cet incident ; poussa la porte et la ferma. Mauvaise idée dites-vous ? Vous avez sans doute raison ! Mais dans ce genre de situation, la panique prend le dessus ; et on fait n’importe quoi ! Attendant en tournant en rond dans la chambre, Leïla fut soulager de voir les ambulanciers frapper à la porte. Leur ouvrant, Leïla dit précipitamment :

« Vite, sur le lit ! Je crois qu'il a fait une crise cardiaque...»

Au bord des larmes, Leïla regarda les ambulanciers faire leurs jobs ! Nerveusement, et sachant qu’elle aurait des soucies suite à toute cet histoire, Leï mit du temps à faire attention à l’ambulancière lui parlant ! Finalement elle répondit :

« Non… non c’était une autre femme mais elle est partie en courant ! Il va s’en sortir ? Car j’ai essayé de le réanimer mais je n’ai jamais su faire des massages cardiaques ! »

Sa voix était pleine d’angoisse, et c’était limite si Leï n’allait pas pleurer devant l’ambulancière qu’elle ne regardait pas ! Trop occuper a regardait l’homme dans le lit !

Ainsi, l'identité de cet homme victime d'un malaise cardiaque restait un mystère. Véronika fit un sourire à la jeune femme qui semblait très secouée et bouleversée par ce qu'elle venait de vivre.

- Ne vous en faites pas, on va bien s'occuper de lui.

Dit-elle d'une voix calme et rassurante. Véronika remarqua les yeux embués de larmes de Leïla. L'émotion de cette jolie jeune femme était visiblement forte et l'ambulancière avait presque envie de la prendre dans ses bras pour la réconforter. Mais cela ne se faisait pas entre personnes ne se connaissant pas. Alors, elle se contenta de passer juste une main sur le haut du bras de Leïla dans un geste de consolation. Puis son regard fut attiré par des vêtements posés en vrac sur un fauteuil situé derrière son interlocutrice.

* Sans doute les fringues de notre malade ! * pensa-t-elle.

Elle s'approcha du fauteuil en s'adressant à Leïla :

- Peut-être qu'il y a son portefeuille avec ses papiers d'identité dans les poches de ses vêtements ?

Elle fouilla les poches des habits masculins et y trouva en effet un portefeuille et une plaque de... police ! Et sous les vêtements, il y avait un révolver dans son étui ! La surprise de Véronika fut de taille en voyant tout ça. Et plus encore en découvrant que le portefeuille était rempli de gros billets de banque. La plaque indiquait que l'homme était inspecteur à la brigade des moeurs et qu'il s'appelait Max Mulligan. Véronika se retourna vers Leïla et lui dit:

- Vous êtes sûre de ne pas connaître cet homme ?

Quelque peu rassuré par les paroles de la femme qu’elle n’avait pas encore regardait, Leïla observa l’homme allonger sur le lit. Elle resta ainsi comme figée dans le temps ! Il faut dire que ce n’est pas banal de voir une femme s’enfuir en courant, abandonnant un homme ayant fait un arrêt cardiaque. Mais le pire allait seulement arriver, et ça Leïla ne le soupçonnait absolument pas ! Sursautant au geste de l’ambulancière, Leïla détourna son regard vers elle.

Se dit mentalement Leïla. Qu’avait elle fait au bon dieu pour qu’il la laisse se fourrer dans un pétrin pareil ! Ne répondant guère aux paroles de la jeune femme, Leï la suivit du regard quand celle-ci se dirigea vers les fringues du type. Le corps de Leïla tremblait dans tout son intégralité, le choc avait était d’une puissance pour la jeune femme. Vous me direz qu’il n’y a aucune raison ! Mais aller savoir ce que pensent les gens de l’équipe médical en voyant une jeune femme en blouse de femme de ménage, tétaniser par l’état d’un inconnu dans un lit de son lieu de travail ! Peut être se disent t’ils qu’elle y est pour quelque chose ; qu’elle ment en disant que la personne étant avec le malade est partie ! Et bientôt, c’est l’ambulancière elle-même qui remit en doute les précédentes paroles de Leïla. Complètement pétrifier à l’idée de savoir qu’on pourrait la rendre coupable de je ne sait quoi sur ce flic ! Leï dit d’une voix nerveuse :

« Non !... je vous l’ai dit, la femme qui était avec lui c’est enfuit en courant !... je l’ai trouvais ainsi dans le lit quand je suis entré dans la chambre !... je vous ai direct appeler en voyant qu’il ne respirait plus !... je vous assure que j’ignore qui est ce type ! »

Mais que sont des mots, quand vous voyez un flic plein aux as mort sur un lit : et une femme de ménage paniquée comme si elle était coupable de quelque chose ! Ils ne valent plus rien ! Et ça ne serait pas étonnant si Leïla se retrouver chez les flics, soupçonnait dont on ne sait quoi ! Les larmes que Leï retenait plus tôt, finirent par s’échapper de ses yeux à cette idée !

Voyant des larmes couler des yeux de la jeune femme de ménage, Véronika se rendit compte que Leïla était en train de craquer nerveusement. Alors elle lui prit ses deux mains dans les siennes et lui répondit en souriant gentiment:

- Allons, calmez-vous. Je vous crois. C'est pas la peine de vous mettre dans un tel état. Vous en faites pas, ça va aller.

Véronika jeta un coup d'oeil en direction de ses collègues qui avaient terminé d'installer l'homme sur le brancard et qui se préparaient à l'emmener à l'ambulance. L'un d'entre eux l'appela en disant à voix basse:

- Vinka !

C'était le signal du départ et il fallait donc qu'elle aussi s'en aille. Regardant Leïla droit dans les yeux, elle ajouta:

- Ecoutez, tout ira bien, je vous l'assure. Mais je dois m'en all...

Véronika n'a pas le temps de finir sa phrase que, à ce moment-là, quatre hommes entrèrent rapidement dans la chambre. Ils avaient une mine peu aimable et paraissaient même stressés. A eux quatre, ils envahirent toute la chambre en la quadrillant comme des militaires en exercice. Celui qui était entré en tête annonça en brandissant une plaque de flic:

- Police de los Angeles. Que personne ne sorte de cette chambre !!!

Tous ceux qui étaient dans la chambre furent surpris de cette arrivée et de cette phrase. Réagissant la première, Véronika s'avança vers celui qui semblait être le chef et elle lui déclara:

- Ecoutez-moi, monsieur. Si nous n'emmenons pas tout de suite votre collègue à l'hôpital, il va mourir !

Le policier eut quelques secondes d'arrêt, semblant réfléchir à la situation. Puis il répondit froidement:

- Okay. VOS collègues vont emmener Max à l'hosto, mais vous, vous restez là. On a besoin de votre témoignage.

Véronika haussa les épaules et regarda ses collègues d'un air désolé. Ceux-ci lui firent un petit sourire consterné en guise de réponse et partirent en poussant le brancard. L'ambulancière se rapprocha doucement de Leïla et lui murmura:

- Et voilà, on est toutes les deux dans la même galère.

Se calmer ? Leïla voudrais bien ! Mais comment se calmer quand on a cette stupide sensation qu’on va avoir des ennuies ! Quand on est sûr qu’on ne sortira pas indemne de cette histoire ! Encore, si ce type n’avait été qu’un simple homme. Un homme qui à un cœur qui flanche alors qu’il prend du bon temps ! Leïla pourrais s’en sortir facilement. Mais là ! L’homme en question est un flic. Leïla a vu sa plaque quand l’ambulancière a ouvert le portefeuille ! Et à moins qu’on retrouve l’autre femme, Leïla n’avait aucune chance de prouver son histoire ! D’une voix nerveuse et pleine de larmes, Leïla dit :

« Comment ça pourrais aller ? Quand on sait que je suis certainement la seule personne à avoir vu la femme qui était ici avec ce type ! »

Soudainement, et sans trop savoir pourquoi. Leïla se mit à se poser des tas de questions au sujet de cette femme mystérieuse ! Pourquoi avait elle fuit ? Avait-elle quelque chose à voir avec l’arrêt cardiaque du flic ? L’avait elle droguée en découvrant son travaille ? Eh oui ! Leïla se fait tout un tas de scénarios en ce qui concerne sa situation actuelle ! Mais qu’y peut-elle vraiment ? Leïla est ainsi ! Toujours à s’imaginer tout un tas de choses, toujours plus idiotes les unes que les autres ! Alors que Leï se perdait dans ses pensées, la voix d’un ambulancier la ramena brusquement dans la réalité. Il rappelait sa collègue, lui disant qu’il était temps de partir ! Leïla se dit qu’enfin tout allait finir, qu’elle pourrait désormais reprendre sa petite vie et tout oublier. Regardant les mains de la jeune femme quittaient les siennes, Leïla entendit cette dernière dire qu’elle allait partir, mais à peine avait elle eu le temps de finir sa phrase. Quoiqu’elle ne l’avait pas finit d’ailleurs ! Plusieurs hommes entrèrent brusquement dans la chambre. L’un d’eux sortit sa plaque et annonça que personne ne quitterait cette pièce.

Leïla qui eut cette pensée dans un calme plat. Vit l’angoisse qui commençait à la quitter peu à peu, lui revenir comme une claque dans la figure ! La panique qui l’envahissait quelques minutes plus tôt, était revenue au triple galop laissant la femme de ménage figé dans le temps et l’espace. Leïla était comme dans un monde parallèle, elle voyait les choses mais ne les entendait pas ! Quand finalement l’ambulancière revint vers elle, Leïla sortit de sa panique et lui répondit d’une voix désabusée ; montrant un manque d’espoir bien ancré :

« Vous vous en sortirez contrairement à moi… Vous êtes ambulancière, vous n’avez fait que votre boulot !... Moi j’ai une chance sur je ne sais pas combien, que l’on croit a mon histoire ! »

L’inspecteur voyant les deux femmes discutait. Décida de les mettre chacune à une extrémité de la pièce pour qu’elle ne puisse mettre en scène un faux témoignage. Ce que c’est idiot ! Surtout quand on sait que l’ambulancière est une étrangère pour la femme de ménage, et vice versa ! Se faisant emmener à l’autre bout de la chambre, Leïla vit l’inspecteur s’approchait d’elle pour lui poser tout un tas de questions ! Notamment son nom, ce qu’elle faisait ici ; et le plus important, si elle avait quelque chose à voir avec l’arrêt cardiaque de son collègue ! Une fois avoir répondu sur un ton calme et lointain. L’inspecteur envoya un de ses collègues interrogeait les gens de l’accueil au sujet de la femme ayant fuit. Alors qu’il s’approchait désormais de l’ambulancière, Leïla lui lança un regard. Un de ses regards qui n’en est pas vraiment un, vu qu’on est perdu dans ses pensées ! Mais ce regard, fixait la femme. Comme si il voulait dire quelque chose. Mais quoi ?

Véronika remarqua le regard perdu que Leïla portait sur elle. Et elle en fut à la fois chagrinée et troublée. L'impression de faire naufrage que dégageait la jeune femme de ménage bouleversait énormément l'ambulancière.
Pourtant, Vinka avait l'habitude de voir des gens dans la détresse. Son métier l'y contraignait et c'est tous les jours qu'elle y était confrontée. A force, on se forge une sorte d'armure sur laquelle glissent les malheurs des autres, car si on fait preuve de trop d'empathie, on finit par emmagasiner un trop plein d'émotions négatives. Et alors, c'est la dépression nerveuse qui montre le bout de son nez et on peut finir par se faire péter la cervelle, au sens propre comme au sens figuré.
Mais il y avait chez Leïla quelque chose qui touchait particulièrement Vinka. Cette fille était non seulement très jolie, mais elle avait en plus une candeur et une sorte de souffrance à fleur de peau qui émanaient fortement d'elle et qui touchaient profondément la jeune ambulancière. Le coeur de Véronika s'étreignait tant qu'elle en avait un peu le souffle coupé. Vinka réalisait peu à peu qu'elle se sentait terriblement séduite malgré elle par la belle femme de ménage. Et elle se surprenait à ne ressentir qu'une seule envie à ce moment précis: prendre Leïla dans ses bras pour la rassurer, la réconforter en lui disant des mots doux et chauds entremêlés de petits baisers sur son visage diaphane d'ange.

L'inspecteur s'approcha de Vinka et lui posa des dizaines et des dizaines de questions sur les conditions dans lesquelles elle avait trouvé son collègue. De temps en temps, l'ambulancière jetait un regard discret en direction de la jeune soubrette qui semblait ne plus la quitter de ses magnifiques et irrésistibles yeux noisette. L'inspecteur remarqua ces regards échangés et cette grosse brute d'homme des cavernes dut trouver cela suspect, car il décida d'embarquer les deux jeunes femmes au poste sous le prétexte de “recueillir leur déposition”. Mais celle-ci, qui ne devait durer “qu'une demi-heure tout au plus” selon les dires du policier, dura en fait près de trois heures pour Vinka et s'avéra être bien plus un interrogatoire qu'une simple déposition ! La jeune femme comprit très vite, d'après les questions qui lui étaient posées, que les flics les soupçonnaient, elle et Leïla, d'être complices et d'avoir quelques responsabilités dans le malaise de leur collègue. L'inspecteur qui les avait appéhendait trouvait très suspect que Véronika sache que “son patient” soit un policier, ce à quoi l'ambulancière répondait très honnêtement en disant que c'était parce qu'elle avait vu un insigne de police dans les vêtement de la victime.

Quand l'ambulancière put enfin quitter le poste de police, il faisait nuit. Elle n'avait même pas son sac avec elle. Celui-ci était resté dans l'ambulance ! Elle n'avait donc ni ses papiers d'identité (ce qui avait d'ailleurs posé un problème avec les cops), ni d'argent pour prendre un taxi pour rentrer chez elle. Mais elle n'y songeait même pas. En sortant de la salle où on l'avait interrogé, elle avait remarqué, par l'interstice d'une porte entrebâillée donnant sur le couloir, que Leïla était encore là et qu'elle subissait elle aussi un interrogatoire en règle de la part des cops.
Une fois dehors, Vinka respira profondément l'air frais nocturne. Comme cela lui faisait du bien, après toutes ces heures passées dans ce bureau policier, empestant le renfermé et la transpiration aigre de ces hommes visiblement si fiers de leur “virilité” !!!

En ce moment précis, Véronika aurait aimé avoir quelqu'un qui l'attende et qui lui offre un peu de réconfort. Elle ferma les paupières quelques secondes pour retenir quelques larmes qui commençaient à embuer ses yeux. Ces hommes s'étaient souvent montrés odieux envers elle avec leurs allusions immondes. Rouvrant les yeux, son regard se posa sur la façade du poste de police. Elle pensa tout de suite à Leïla. Dans quel état la fragile soubrette allait-elle sortir de là ? Regardant tout autour d'elle, l'ambulancière ne vit absolument personne qui semblât attendre la jeune femme de chambre. Cette dernière allait donc se retrouver dans la même situation qu'elle lorsqu'elle sortirait. Véronika ne voulait pas ça. Cette présence réconfortante qu'elle n'avait pas la chance, elle, d'avoir, elle l'offrirait à Leïla. Toute sa vie, elle avait ressenti ce besoin d'aller vers les autres et de les aider. C'est d'ailleurs ce qui l'avait amenée à faire son métier d'ambulancière. Elle décida donc de rester devant cet immeuble officiel et d'attendre que sa compagne d'infortune sorte à son tour.

C'était le mois de décembre. Dans quinze jours, on fêterait Noël. Malgré le climat généralement doux de la Côte Ouest, il faisait plutôt froid en ce moment à Los Angeles. La jeune ambulancière n'était vêtue que d'un jean et d'un simple top en dessous de sa blouse quand les flics l'avaient interpellée. Et elle était simplement chaussée de jolies ballerines de ville blanches en cuir. Bien sûr, c'était une tenue très légère pour la saison; mais quand on travaille dans les ambulances et les hôpitaux, on sait que les véhicules et les locaux sont toujours surchauffés. Le personnel s'habille donc en conséquence pendant les heures de travail. Comme Vinka avait laissé sa blouse d'ambulancière à ses collègues et avait été embarquée par les cops dans cette tenue, elle se retrouvait à présent dehors en ayant les bras nus et en étant peu couverte pour le reste du corps.
Ainsi vêtue dans la rue , elle grelottait de froid. En face du poste de police, il y avait un bar qui, bien sûr, grouillait de flics qui prenaient leur pause ou avaient terminé leur service. Mais Véronika ne voulait pas y aller. Elle avait assez vu de flics comme ça pour aujourd'hui ! Alors, elle resta là, plantée sur le trottoir. Seulement, au bout d'un quart d'heure, elle claquait tellement des dents qu'elle dut se résoudre à mettre sa fierté de côté, et elle entra finalement dans le café. Elle s'installa à une table près d'une vitre donnant sur l'entrée du poste de police, afin de surveiller le moment où Leïla sortirait. Heureusement pour elle, l'ambulancière avait un malheureux billet de cinq dollars dans une des poches de son jean. Cela suffirait pour boire un ou deux cafés !...

Deux cappucinos et cinq refus de boire un verre avec des flics dragueurs plus tard, Vinka vit Leïla qui sortait du poste de police. La jeune soubrette avait l'air exténuée et à bout de nerfs. Elle était restée “sur le gril” durant près d'une heure et demi plus longtemps que Véronika. Cette dernière sortit rapidement du bar et alla droit vers Leïla. Arrivée devant elle, elle s'arrêta et la regarda avec des yeux compatissants. Elle ne savait pas quoi lui dire. Elle savait simplement qu'elle était là pour l'aider, pour lui apporter ce réconfort qui lui avait tant manqué à elle-même quand elle était sortie. Leïla la regarda quelques secondes avec un air surpris de la voir là, face à elle, et l'attendant après tout ce temps. Essayant de sourire mais n'y parvenant pas, Vinka parvint juste à articuler d'une toute petite et douce voix:

- ça va ?...

Cette question était stupide et la jeune femme s'en rendait compte en même temps qu'elle prononçait ces mots. Bien sûr que ça n'allait pas ! Mais c'était les seuls mots qui trouvèrent le chemin de ses lèvres délicatement dessinées. Et comme s'ils avaient été un signal déclencheur, Leïla se mit à trembloter soudainement. Ses nerfs la lâchaient. Ses yeux s'embuèrent en une seconde et, tout en pleurant doucement, sa tête vint se poser dans le creux de l'épaule de cette quasi-inconnue qui lui témoignait autant de compassion. La gorge de Vinka se serra alors d'émotion et de tristesse et, en silence, elle prit tendrement Leïla entre ses bras...

Leïla regardait intensément l’inspecteur qui l’avait interrogée, se dirigeait vers l’ambulancière. Que lui voulait-elle ? Elle était là pour son travail, qu’es ce que cet idiot pouvait encore manigancer comme scénario dans sa caboche ? Car même si Leï était bouleversé d’être dans cette embrouille, elle savait mieux que personne que les flics avaient tendance à s’imaginés n’importe quoi ! Pourtant, c’était son fort à elle de s’imaginé des histoires abracadabrantes. Son passe temps inconscient à elle ! Sûrement était ce une qualité qu’on toutes les femmes qui veulent devenir des starlettes du grand écran ! Vous savez, faire d’un rien toute une histoire. Ben ça c’est Leïla tout cracher ! Et apparemment, c’est aussi l’inspecteur à l’heure actuelle. Ne quittant pas des yeux la jeune femme blonde, Leïla regardait le corps de l’ambulancière. Cette dernière possédait une poitrine fantastique ! Une poitrine généreuse à souhait que n’importe quel homme aimerait caresser ou embrasser. Et elle, qu’es ce qu’elle avait elle ! Elle avait une petite poitrine qu’on n’arriverait même pas à emprisonner dans une main ! Pour la première fois, Leïla ressentait une sorte de jalousie envers le corps d’une femme. Mais attention, pas une de ses jalousies qui pousse à être haineux et méchant envers l’être qu’on jalouse, non ! Une jalousie qui fait qu’on désire plus que tout lui ressemblait ! Mais très vite, Leï se rendit compte qu’elle lorgnait sans aucune gêne la poitrine d’une autre femme, et elle reporta son attention sur le regard de la blondinette. Regard que partageait avec elle cette dernière de temps à autre. N’aimant pas ce regard « complice » selon lui, l’agent embarqua les deux jeunes femmes qui furent séparées à l’arrivée au commissariat.

Entrant dans une pièce froide éclairait que par une ampoule, Leïla s’installa docilement sur la chaise que lui proposé l’agent de police. Nerveusement, la jeune femme était à bout, sûrement parce qu’elle savait mieux que quiconque qu’elle ne se sortirait pas de cette histoire aussi facilement. Néanmoins, son regard se perdait dans le vide, fixant un objet au hasard, fuyant toujours celui du flic accusateur. Quand soudainement, l’interrogatoire commença. Pendant deux bonnes heures, Leïla y répondit avec franchise, racontant à chaque fois la même histoire et aussi qu’elle ne connaissait pas l’ambulancière. Mais très vite, les questions revinrent trois voir quatre fois. Pour le flic qui la savait fragile nerveusement, c’était le moyen idéal pour la jeune femme s’accuse elle-même de quelque chose qu’elle n’a pas fait ! Très vite, Leïla finit par pleurer et crier qu’elle était qu’une simple femme de ménage trop curieuse, mais pour le policier, cette réponse était la fausse ! Vous savez, comme ces machines qui bugs et qui vous dise que vous n’avez pas bien sélectionné le programme et qu’il ne veut pas l’ouvrir, alors que d’habitude il le veut bien ! Et bien là, c’est le flic qui pour qui le mot « innocente » n’était pas compatible avec Leïla Evans, et qui exiger qu’elle se rende coupable pour la laisser tranquille ! Mais pour Leï, hors de question de racontait n’importe quoi ! Que se soit sur elle où sur l’ambulancière ! Non les deux femmes n’étaient pas complices ! Non les deux femmes n’avaient rien à voir avec le malaise de son collègue ! Mais qu’es ce que cette brute de flic puant la sueur et se croyant irrésistible ne comprenait pas dans ses mots que hurler presque Leïla, fatiguée et déprimée.

Tirant sur sa blouse de femme de ménage pour couvrir ses genoux sous la table, Leïla c’était déconnectée de la réalité, pour songer au fait que son patron au Pink Panther allait sûrement la convoquée le lendemain à la première heure, pour connaître le fin mot de cette histoire ! Quand j’vous disais qu’elle se savait dans la « merde », j’avais raison ! Néanmoins, commençant à ne plus supporter cette interrogatoire, et les flics sachant qu’ils ne pouvaient pas la gardée faute de preuve contre elle et « sa complice », Le flic dit à Leïla qu’elle pouvait désormais partir. Mais ce ne fut pas sans oublier de préciser qu’elle était à l’heure actuelle, la seule suspecte ! Quand on y songe, es ce que Leïla avait imaginé cette demoiselle sortant de la chambre ? Es ce qu’elle n’existait pas ? Non ! Leïla ne pouvait y croire ! Cette femme existait, et il était plus que logique que quelqu’un l’ai croisé dans le hall où dans un couloir de l’hôtel ! Et pour la jeune femme de ménage, il était hors de question qu’elle paye les conneries d’une autre, et pour cela, elle rechercherait cette femme elle-même ! En attendant, Leï qui marchait en direction de la sortie, remarqua que la nuit était déjà tombée sur Hollywood. Et dire qu’elle portait sa blouse de travaille et ses ballerines, alors que dehors il devait faire frais à cet heure tardive ! Sortant sans se retourner une seule fois, Leïla descendit les marches du commissariat et s’apprêta à partir quand l’ambulancière vint à sa rencontre. D’abord surprise, Leïla fut finalement ravie de voir quelqu’un soucieux de son sort, et c’est pourquoi impudiquement sans connaître la jeune femme, Leïla laissa ses larmes s’échapper tout en posant sa tête sur l’épaule de cette dernière. Es ce que ça allait ? Oh que non que ça n’allait pas ! Les flics la pensaient coupable du sort de leur collègue ! Son patron allait sûrement croire la même chose et la virait ! Et elle n’arriverait sûrement à rien dans le cinéma, parce que ses futurs producteurs le croiront eux aussi ! Mais Leïla n’allait pas dire ça à cette inconnue. Qu’es ce qu’elle y pouvait dans le fond ? Rien ! Alors pourquoi lui en faire part ! Se serrant dans les bras de la jeune femme, Leïla se rappela le lien de sois disant « complice » qui les unissaient pour les flics, ce qui lui fit lâcher toute étreinte avec l’ambulancière. Essayant énergiquement avec son bras nu ses larmes, Leïla croisa ses bras pour se réchauffer et dit d’une voix douce embuée de larmes :

« Vous devriez vous éloigner de moi !... Les flics pensent que nous sommes coupables et complices et je ne voudrais pas être source de problèmes pour vous ! »

Lui offrant un bref sourire, Leïla commença à partir en direction de chez elle, quand finalement elle se retourna vers l’ambulancière qui la regardait et dit :

« J’ignore si vous étiez là pour moi… mais j’vous en remercie si c’est le cas ! »

Puis la jeune femme reprit sa route, pensant sincèrement que l’autre en ferait de même. Quand une idée lui vient soudainement sans raison apparente. Se retournant à nouveau vers la jeune femme qui semblait reprendre son chemin, Leïla dit d'une voix douce mais hésitante :

Euh attendez... mon amie est sûrement occupée à étudier et j'ai pas très envie de rester seule en vue des derniers évènements... ça vous dirais de venir boire un bon chocolat chaud chez moi ?

C'était assez risquée comme question, car la jeune femme pouvait bien refusée! Mais Leï courait le risque malgrès tout !

Les réactions successives de Leïla semblaient paradoxales mais Vinka comprenait la femme de chambre. Celle-ci était visiblement sous le choc des derniers évènements et l'ambulancière avait elle-même du mal à s'en remettre. Quand Leï s'effondra en larmes sur son épaule, le coeur de Véronika se brisa en mille morceaux et la jeune urgentiste chercha à consoler son interlocutrice en la prenant dans ses bras. Ce geste n'avait rien de trouble et était venu spontanément entre les deux femmes. Mais la soubrette, après s'être remise en quelques dizaines de secondes, repoussa doucement Vinka, en argumentant que les flics les soupçonnaient et qu'elles ne devraient pas montrer ensemble.
Véronika essaya de contester cette remarque:

- Mais peu importe les flics ! Ils n'ont rien contre n...

Elle s'arrêta là, sans terminer sa phrase, car Leï l'avait déjà quittée et commençait à s'en aller de son côté en la remerciant succinctement. La jeune ambulancière en était navrée. Elle avait longuement attendu que la femme de chambre sorte du commissariat dans l'espoir de pouvoir lui offrir un peu de chaleur humaine, comme elle aurait elle-même aimé en recevoir une heure plus tôt. Mais Leï ne semblait pas réceptive à sa délicatesse, ni même partager son besoin de réconfort en sortant du poste de police.
Vinka pensa que la sympathie qu'elle éprouvait à l'égard de cette jeune femme ne devait sûrement pas être partagée par cette dernière. Alors, elle la regarda partir en soupirant doucement de déception et de peine mélangées, puis elle commença à aller de son côté, tout en se demandant comment elle allait rentrer chez elle. En effet, elle habitait dans un quartier à l'autre bout de la ville, et elle n'avait sur elle pas assez d'argent pour prendre ni le métro ni un taxi. De toute façon, le métro était exclu ! A cette heure-là du soir, et vêtue comme elle l'était, elle avait de fortes “chances” de se faire agresser dans le métro ! Donc, cette option était éliminée d'office !!! Elle songeait que la meilleure solution serait de prendre un taxi, de se faire emmener à l'hôpital où elle travaille, et de faire patienter le taxi à l'arrivée le temps qu'elle récupère son sac à main pour pouvoir le payer. Mais, en attrapant son téléphone portable, elle constata avec un grand dépit que la batterie de celui-ci était à plat. La voilà maintenant qui ne pouvait même plus téléphoner pour appeler un taxi !!! Elle cogitait dur dans sa tête quand elle entendit la voix de Leïla l'interpeller.
La jeune femme s'était ravisée et lui proposait de venir prendre une boisson chaude chez elle, en prétextant qu'elle ne désirait pas rester seule. Pourtant, elle parla de son “ami” occupé à étudier... Ce conjoint - car c'est au sujet d'un homme, et d'un “petit ami”, que Vinka comprit les paroles de Leïla - ne lâcherait donc pas ses études un moment pour s'occuper de son infortunée et malheureuse compagne ? Véronika savait par expérience, pour son plus grand malheur, que certains hommes pouvaient se montrer extrêmement égoïstes et peu compréhensifs envers leur petite amie. Elle pensa alors que ça devait être le cas pour la jeune femme de ménage. Le bon coeur charitable de l'ambulancière resurgit à nouveau en elle et elle en oublia ses propres déboires. Elle répondit alors sans hésitation:

- Oh, avec plaisir ! J'adore le chocolat, et il fait si froid qu'une boisson chaude serait vraiment la bienvenue !...

Elle réalisa soudainement que toutes deux n'avaient même pas eu le temps de se présenter. Alors qu'elles se rapprochaient l'une de l'autre, elle ajouta avec un grand sourire:

- Au fait, je m'appelle Vinka !...

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